Peut-on cesser de fumer sans prendre de poids?
(Par : Protégez-Vous)
Selon la nutritionniste Nadine Bonneville, qui a été associée pendant trois ans au Centre d’abandon du tabagisme (CAT) de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, il faut d’abord relativiser certaines données sur le sujet: «La majorité des gens prennent moins de 4,5 kg lorsqu’ils cessent de fumer. Mais étant donné qu’il y en a tout de même de 10 à 15 % qui prennent plus de 11 kg, ça fait monter la moyenne.» Et certaines personnes seraient plus à risque de se retrouver avec des kilos en trop: les Afro-Américains, les gens de moins de 55 ans, de statut socioéconomique plus faible, de même que ceux qui fument plus de 25 cigarettes par jour (un paquet).
«Chez les femmes, la peur de prendre du poids est la principale raison pour laquelle elles ne réussiront pas à maintenir leur cessation tabagique», confirme la nutritionniste. C’est donc un problème réel lorsqu’il est question d’abandon du tabagisme. Toutefois, il y a moyen de prendre les choses en main.
Pourquoi risque-t-on d’engraisser en écrasant?
Mme Bonneville l’explique par quatre facteurs.
1. La possibilité qu’on ingère plus de calories. Ce phénomène peut s’expliquer de plusieurs façons, notamment par le fait que l’odeur et la saveur de la nourriture sont meilleures maintenant que les sens ne sont plus altérés par la cigarette. Il se peut aussi qu’inconsciemment on tente d’occuper autrement ses mains et sa bouche. D’autres processus physiologiques peuvent également intervenir: le temps où la nourriture reste dans l’estomac avant de se rendre dans l’intestin est temporairement accéléré lorsqu’on cesse de fumer, ce qui stimule l’appétit. Enfin, il faut savoir que la nicotine intervient sur les signaux chimiques du cerveau qui régulent la faim et la satiété, en supprimant l’appétit.
2. L’abandon du tabac provoque un retour à la normale du métabolisme de base, qui représente la quantité d’énergie que l’organisme utilise au repos. «Mais attention, ça ne le ralentit pas par rapport à ce qu’il devrait être normalement, c’est la nicotine qui l’accélérait», nuance la nutritionniste.
3. Cesser de fumer entraîne un changement dans le métabolisme des lipides: ceux-ci seront moins bien convertis en énergie et donc davantage emmagasinés.
4. Le quatrième point concerne les femmes, plus particulièrement celles qui surveillent beaucoup leur alimentation, puisqu’elles seraient plus susceptibles de perdre le contrôle de leur consommation de nourriture lorsqu’elles décident d’écraser.
Des solutions
«On évalue qu’une consommation moyenne de cigarettes, soit un paquet par jour, accélère de 4 à 16 % le métabolisme basal. La baisse du métabolisme de base à la suite de l’abandon tabagique pourrait expliquer pratiquement 40 % du gain de poids», fait remarquer Mme Bonneville. Compte tenu de cette composante, les thérapies de remplacement nicotinique peuvent aider à limiter les kilos lors du sevrage. Toutefois, puisque cette aide peut ne pas convenir à tous, il importe de bénéficier d’un bon accompagnement.
«Si l’ordonnance le permet, combiner les thérapies nicotiniques de remplacement peut donner de bons résultats pour limiter le gain de poids. Par exemple, quand on a une envie folle de fumer, on peut utiliser de la gomme et des pastilles contenant de la nicotine.» Mais pour éviter de dépasser la dose de nicotine à laquelle le corps est habitué, il est important que celle-ci soit calculée, précise-t-elle, autrement il y a un risque d’accroître sa dépendance. Et il faut savoir que, sans l’ajout d’un soutien professionnel, il n’est pas prouvé qu’à elles seules ces aides nicotiniques s’avèrent efficaces pour restreindre le gain de poids lors de la cessation tabagique.
Un bon plan
La première initiative devrait être d’aller voir votre médecin pour discuter avec lui de votre intention d’arrêter de fumer, pour qu’il puisse ajuster votre médication s’il y a lieu et qu’il vous prescrive le médicament de sevrage le plus approprié. Vous pourrez ensuite prendre rendez-vous dans l’un des Centres d’abandon du tabagisme du Québec, où travaillent notamment des nutritionnistes, des kinésiologues et des infirmières qui pourront élaborer un plan personnalisé. Suivre une thérapie cognitivo-comportementale peut aussi être souhaitable.
Les lignes directrices pour éviter la prise de poids
• Suivez les recommandations du Guide alimentaire canadien.
• Mangez les mêmes quantités d’aliments qu’avant de cesser de fumer; si vous avez besoin de manger plus souvent, diminuez la grosseur des portions aux repas pour, en bout de ligne, arriver au même.
• Évitez de vous embarquer dans une diète restrictive.
• Pratiquez de l’activité physique régulièrement et intégrez, si possible, des exercices de musculation afin d’augmenter votre masse musculaire pour accélérer naturellement votre métabolisme de base.
• Ayez recours à une aide pharmacologique adaptée à vos besoins.
• Lorsque vous avez une forte envie de fumer, prenez de la gomme ou des pastilles contenant de la nicotine, si l’ordonnance le permet.
• Visez graduellement à perdre cet automatisme de porter quelque chose à votre bouche.
À lire pour en savoir plus :
Arrêter de fumer, Protégez-Vous, janvier 2012
Mesdames, cessez de fumer et gagner 10 ans, Protégez-Vous, novembre 2012
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