Épilepsie
Contrairement à ce qu’on peut penser, une crise d’épilepsie ne s’accompagne pas toujours de mouvements saccadés ou de convulsions. Elle peut varier d’une personne à l’autre et d’un type d’épilepsie à l’autre. Comment aider si vous en êtes témoin?De quoi s’agit-il?
L'épilepsie n'est pas une maladie en soi, mais un désordre neurologique qui perturbe l’activité normale du cerveau. Pendant quelques secondes ou minutes, les cellules du cerveau envoient des signaux embrouillés (décharges électriques anormales et involontaires) aux cellules du corps. Celui-ci répondra de diverses manières : des convulsions, une brève période où le regard demeure fixe, des spasmes musculaires, une altération de l'état de conscience, un comportement ou des sensations étranges.
Plusieurs formes d'épilepsie ont une composante héréditaire, mais il n'est pas encore possible de déceler tous les gènes responsables de ce trouble. Toutefois, depuis quelques années, d'importants progrès ont été réalisés grâce à la recherche.
Qui peut être atteint d’épilepsie?
Ce trouble neurologique touche 300 000 Canadiens, dont 120 000 Québécois. Chaque année, plus de 15 000 Canadiens reçoivent un diagnostic d’épilepsie. Plus de la moitié des nouveaux cas apparaissent chez les enfants de moins de 10 ans et chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Environ 80 % des personnes épileptiques auront leur première crise avant l'âge de 18 ans.Pour en finir avec les préjugés
Pour les personnes atteintes d’épilepsie, les croyances populaires et les préjugés sont parfois aussi douloureux que le trouble lui-même. Plusieurs personnes épileptiques célèbres, comme Beethoven, Van Gogh et Agatha Christie, ont fait rayonner leurs talents malgré l’affection. L’épilepsie ne diminue pas les capacités intellectuelles. Avec un traitement médical suivi rigoureusement, la personne épileptique pourra vivre une vie normale et, pourquoi pas, marquer l’histoire elle aussi.Les types de crises
Les crises d’épilepsie peuvent être classées en deux grandes catégories : les crises partielles et les crises généralisées.
Les crises partielles
Une crise partielle touche seulement une région précise du cerveau, appelée « région focale ». Selon les symptômes, on parlera d’une crise partielle simple ou d’une crise partielle complexe.
Les crises généralisées
Une crise généralisée survient lorsque l’activité neurologique anormale touche la totalité du cerveau.
Selon les symptômes, on parlera d’une absence (autrefois appelée « petit mal »), d’une crise tonico-clonique (autrefois appelée « grand mal »), d’une crise myoclonique, tonique, clonique ou atonique.
Le neurologue sera en mesure de déterminer le type de crise dont la personne est victime à l'aide des moyens suivants :
- les antécédents médicaux détaillés;
- un examen physique complet;
- l’analyse de sang et d’autres liquides biologiques;
- l’électroencéphalogramme (EEG);
- l’imagerie par résonance magnétique.
La cause de l’épilepsie ne sera pas déterminée dans plus de un cas sur deux. Cependant, certains problèmes de santé sont reconnus comme cause possible de l’épilepsie, par exemple un accident vasculaire cérébral (AVC), un traumatisme crânien et certains cancers.
Qu’est-ce qui peut déclencher une crise?
Certains facteurs externes peuvent déclencher une crise :
- le stress;
- les émotions fortes comme la colère, l’anxiété et la peur;
- le manque de sommeil;
- les lumières intermittentes ou stroboscopiques;
- la consommation importante d’alcool;
- une alimentation malsaine ou des repas irréguliers;
- la chaleur ou l’humidité;
- une maladie, de la fièvre, des allergies;
- certains médicaments;
- une prise irrégulière de son traitement.
Lorsque des facteurs externes déclenchent une crise (par exemple, une forte fièvre ou une infection sévère), on corrigera généralement la cause principale plutôt que d’initier un traitement pour l’épilepsie.
Les symptômes de l’épilepsie
Les symptômes d’une crise d’épilepsie peuvent varier d’une personne à l’autre et d’un type d’épilepsie à l’autre. Voici quelques-unes des manifestations possibles :
- l’évanouissement, la perte de conscience;
- les spasmes musculaires aux bras et aux jambes ou dans tout le corps;
- la perte du tonus musculaire ou le raidissement du corps;
- les hallucinations olfactives ou troubles visuels;
- le regard vide, la confusion;
- les trous de mémoire;
- les battements rapides et continus des paupières.
Le traitement de l’épilepsie
Il est important de savoir que les médicaments ne guérissent pas l'épilepsie, mais en contrôlent les manifestations. On appelle ces médicaments des « anticonvulsivants » ou « antiépileptiques ». Le choix du médicament se fera en fonction du type de crise et des caractéristiques de l’individu. Près de la moitié des patients n’auront plus de crise après la prise d’un seul médicament. Chez d’autres patients, une combinaison de médicaments sera nécessaire pour limiter la fréquence et l’intensité des crises.
Il se pourrait qu’aucun traitement ne soit entrepris après une première crise, car certaines personnes ne feront jamais d’autres crises, et les médicaments comportent des effets secondaires. Cependant, cette décision doit être prise par le patient et son médecin traitant en tenant compte de plusieurs facteurs dont le risque de récidive.
Certaines personnes devront prendre des médicaments pour l’épilepsie pour la vie, alors que d’autres pourraient tenter un arrêt progressif, en accord avec leur médecin traitant, si aucune crise n’a eu lieu dans les dernières années. Cette décision sera individualisée selon le type de crise, la présence de facteurs déclencheurs et le désir du patient. Ne cessez jamais vos médicaments sans d’abord en parler avec un professionnel de la santé, car un arrêt brusque pourrait induire à nouveau des crises. Votre pharmacien est l’expert des médicaments, alors n’hésitez pas à le consulter à ce sujet.
Si vous êtes atteint d'épilepsie et prenez des médicaments pour cette condition, informez-vous toujours auprès de votre médecin traitant ou de votre pharmacien avant de prendre un autre médicament, qu’il soit sous ordonnance ou en vente libre. La combinaison des médicaments pourrait nuire à l'efficacité de votre traitement ou même être toxique.
Les personnes n’ayant eu aucune amélioration malgré l’essai de plusieurs médicaments pourront envisager la chirurgie. Toutefois, cette intervention ne peut pas être utilisée pour tous les types d’épilepsie et elle comporte des risques.
Comment aider une personne en crise?
Si vous êtes témoin d’une crise d’épilepsie où la personne présente des spasmes musculaires :
- restez calme;
- faites de la place autour de la personne et enlevez les objets qui pourraient la blesser;
- retirez cravate, foulard ou tout autre objet serré au cou;
- ne mettez rien dans sa bouche; contrairement aux idées reçues, une personne épileptique ne risque pas d’avaler sa langue;
- ne tentez pas de la retenir ou de l’empêcher de bouger;
- placez un objet mou sous la tête de la personne et tournez son corps délicatement sur le côté;
- communiquez avec le service d’urgence 9-1-1 si la crise dure plus de cinq minutes ou si elle recommence une fois que la personne a repris entièrement conscience;
- laissez la personne se reposer et parlez-lui doucement.
Les femmes enceintes, les personnes diabétiques et celles qui se sont blessées lors d’une crise doivent être amenées à l’hôpital, et ce, peu importe la durée de la crise.
Si vous êtes atteint d’épilepsie, il est fortement conseillé de porter un bracelet médical indiquant votre condition. Ceci aidera les premiers intervenants à comprendre la nature de la crise.
Prudence et précautions
En général, si une personne est bien soignée, elle peut mener une vie normale avec certaines restrictions, notamment en ce qui concerne la conduite automobile.
Conduite automobile
Il est interdit de conduire un véhicule si votre condition n’est pas contrôlée ou si votre première crise est récente. La durée d’interdiction variera selon plusieurs facteurs dont le type de crise. Vérifiez auprès de votre médecin ou de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour de plus amples renseignements.
Pour éviter de faire une crise en conduisant une voiture, voici quelques recommandations :
- Évitez de conduire en cas de fatigue.
- Ne conduisez pas pendant de longues périodes sans avoir mangé ou suffisamment dormi.
- Si votre traitement est modifié ou interrompu, cela pourrait compromettre votre aptitude à conduire. Il serait sage de cesser complètement de conduire pendant un certain temps pour observer l’effet du changement.
- Prenez vos médicaments régulièrement.
- Au volant, les conséquences de crises légères sont parfois aussi désastreuses que celles de crises graves. Tout épisode de crise lors de la conduite automobile doit être signalé à votre médecin, et vous devez cesser de conduire jusqu’à votre discussion avec lui.
- Évitez la consommation d'alcool avant de prendre le volant. L'alcool altère toujours la capacité de conduire et pourrait provoquer une crise d’épilepsie qui autrement ne serait peut-être pas survenue.
Grossesse et allaitement
Grossesse et épilepsie ne sont pas incompatibles, mais certains médicaments utilisés pour contrôler l’épilepsie augmentent le risque d’anomalies pour le fœtus (par exemple, bec de lièvre, problèmes cardiaques ou anomalie du tube neural). Cependant, il faut garder en tête que plus de 90 % des bébés de mères épileptiques naissent en bonne santé. Cela exigera un suivi étroit avec votre médecin tout au long de votre grossesse. Discutez avec votre médecin avant de concevoir; des modifications pourraient être apportées à votre traitement pour limiter les risques pour le fœtus. De plus, n’arrêtez pas votre traitement sans d’abord en parler à un professionnel de la santé, car les crises pourraient mettre le fœtus à risque. Les crises d’épilepsie durant la grossesse peuvent potentiellement être plus dommageables que le risque associé à la prise de médicaments.
L'allaitement n'est pas contre-indiqué, mais cela dépend du médicament que vous prenez. Il faudra vérifier avec votre pharmacien ou votre médecin si le médicament est compatible avec l’allaitement.
Si vous êtes atteint d’épilepsie, il est important d’adopter de saines habitudes de vie et d’éviter de s’exposer aux facteurs déclencheurs pour réduire la fréquence et l’intensité des crises. La fidélité à votre traitement médical est aussi d’une importance capitale pour maîtriser vos crises et vous permettre de vivre une vie normale. En tout temps, votre pharmacien est là pour vous accompagner et répondre à vos questions.
Ressource :
Association québécoise de l’épilepsie
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